Anas Sefrioui : Le bâtisseur controversé du rêve immobilier marocain
Anas Sefrioui, président d’Addoha, a révolutionné le logement économique au Maroc. Entre succès et critiques sur la qualité et la gestion, il demeure une figure clé de l’immobilier national.

Dans les coulisses de la success story marocaine, peu de noms résonnent aussi fortement qu’Anas Sefrioui. Président-directeur général du groupe Addoha, cet homme d’affaires fassi a redessiné, à coups de béton et d’audace, le paysage du logement économique au Maroc. Pourtant, derrière la réussite affichée se profilent des ombres : critiques sur la qualité de ses constructions, accusations de gestion financière hasardeuse et débats sur l’impact social de ses projets. Anas Sefrioui est bien plus qu’un entrepreneur prospère, il est une énigme nationale.
La montée en puissance d’un visionnaire pragmatique
Né en 1957 dans la ville historique de Fès, Sefrioui n’a rien d’un héritier classique. C’est par l’effort et une intuition hors pair qu’il s’est imposé dans un univers féroce. Il commence modestement dans la production de plâtre, un secteur artisanal qu’il modernise en y injectant ses premières idées visionnaires. Ce pragmatisme, mâtiné d’une ambition farouche, deviendra le fil conducteur de sa carrière.
C’est en 1988 que l’histoire d’Addoha prend vie. Le Maroc, en pleine transition économique et sociale, est confronté à un défi colossal : le déficit abyssal en logements pour les classes populaires. Sefrioui y voit une opportunité autant qu’un devoir national. En quelques années, il érige un empire où chaque brique répond à un double objectif : rentabilité économique et accessibilité sociale.
Son modèle est aussi simple qu’efficace : produire en masse des logements économiques subventionnés par l’État, tout en maintenant des marges compétitives. Rapidement, Addoha s’étend au-delà de Casablanca, irradiant dans les grandes villes du royaume et même au-delà, vers les horizons prometteurs de l’Afrique de l’Ouest.
La face cachée du béton
Mais le béton, aussi solide soit-il, fissure sous la pression. Anas Sefrioui, adulé pour sa capacité à fournir des milliers de logements, est aussi critiqué pour leur qualité. Les appartements livrés par Addoha, bien que financièrement accessibles, souffrent souvent de problèmes structurels. Dans les quartiers où fleurissent ses projets, des voix s’élèvent pour dénoncer une urbanisation galopante et peu soucieuse de la durabilité.
L’homme, réputé discret et peu loquace, préfère laisser ses réalisations parler pour lui. Mais les critiques persistent. Certains accusent Sefrioui de répondre davantage aux impératifs financiers qu’aux besoins des populations. « Du logement économique, oui, mais à quel prix ? », s’interrogent ses détracteurs. Le débat est loin d’être tranché.
Un empire à l’épreuve du temps
L’autre grande épreuve de Sefrioui réside dans la gestion financière de son groupe. Addoha a connu des hauts spectaculaires, notamment lors de son introduction en Bourse en 2006, mais aussi des bas tout aussi saisissants. La dépendance au secteur du logement économique, couplée aux aléas du marché immobilier, a parfois mis à mal la santé financière du groupe. Dans les moments difficiles, Sefrioui, fidèle à son pragmatisme, a opéré des restructurations audacieuses et multiplié les projets à l’international, notamment en Afrique subsaharienne.
Pourtant, malgré ces défis, l’homme reste debout. Ses détracteurs voient en lui un symbole des excès de l’économie de marché. Ses défenseurs, eux, louent son rôle de catalyseur du développement économique. Mais qu’on l’admire ou qu’on le critique, il est impossible d’ignorer son empreinte indélébile sur le paysage marocain.
L’héritage d’un bâtisseur
À 65 ans, Anas Sefrioui n’a rien perdu de sa détermination. Toujours à la tête d’Addoha, il semble naviguer avec la même audace dans des eaux parfois troubles. Ses ambitions restent intactes, mais son héritage est d’ores et déjà inscrit dans l’histoire économique du Maroc. Bâtisseur de cités, créateur d’opportunités, mais aussi figure controversée d’un développement immobilier parfois critiqué, il incarne les contradictions d’un pays en mutation.
L’histoire jugera Anas Sefrioui à l’aune de ses réalisations et de ses échecs. Mais une chose est sûre : qu’il inspire ou divise, il est et restera l’un des visages les plus marquants du Maroc contemporain.
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