Benchaâboun à la tête d’Itissalat Al-Maghrib: une nouvelle ère après l’ère Ahizoune?

📍 LeDecode.com – La page d’Abdeslam Ahizoune est définitivement tournée chez Maroc Telecom. Après 26 ans de règne sans partage, marqué par une stratégie défensive et des polémiques coûteuses, le géant des télécoms change de cap avec l’arrivée de Mohamed Benchaâboun à la présidence du Conseil d’administration. Un choix stratégique dicté par les actionnaires émiratis de l’opérateur, qui semblent avoir décidé qu’il était temps d’insuffler un nouvel élan à une entreprise dont les performances ont montré des signes d’essoufflement ces dernières années.

L’éviction d’Ahizoune était devenue inévitable. Son obstination à maintenir une position quasi-monopolistique a mené la société dans une série de batailles judiciaires et réglementaires, qui lui ont coûté non seulement des millions en amendes, mais aussi une dégradation progressive de son image et de sa compétitivité. À force de vouloir freiner l’ouverture du marché et de maintenir des pratiques commerciales contestées, Maroc Telecom a fini par accumuler des tensions avec les autorités de régulation, un facteur qui n’a pas échappé aux actionnaires.

Avec le Maroc en pleine transformation numérique et s’apprêtant à accueillir des événements internationaux majeurs, les exigences en matière d’infrastructures et d’innovation n’ont jamais été aussi pressantes. L’ère des guerres de position semble révolue, place désormais à une vision tournée vers l’avenir. C’est dans ce contexte que Mohamed Benchaâboun entre en scène, un choix qui, sur le papier, semble cohérent avec les ambitions de modernisation du secteur.

Ancien ministre de l’Économie et des Finances, ex-directeur général du Groupe Banque Populaire et actuel patron du Fonds Mohammed VI pour l’Investissement, Benchaâboun possède une solide expérience en gestion et en structuration d’entreprises stratégiques. Il s’est imposé comme un technocrate habile, conciliateur, mais aussi un réformateur pragmatique. Son passage au ministère des Finances a été marqué par des réformes profondes, notamment en matière d’investissement public et de soutien à l’innovation, ce qui laisse entrevoir un changement de cap profond pour Maroc Telecom sous sa direction.

Mais la question demeure : réussira-t-il là où son prédécesseur a échoué ? Car Maroc Telecom n’est pas une simple entreprise : c’est un acteur historique qui a longtemps dominé le marché sans véritable concurrence. Avec l’arrivée de nouveaux acteurs plus agressifs et la pression croissante des consommateurs pour une meilleure qualité de service, le défi est de taille. Benchaâboun devra non seulement restaurer la compétitivité de l’opérateur, mais aussi redorer son image auprès du grand public et des autorités de régulation.

Les premiers mois de son mandat seront déterminants. S’attaquera-t-il à la modernisation des infrastructures pour préparer l’essor de la 5G et des nouvelles technologies de communication ? Assurera-t-il une transition vers un modèle plus ouvert et concurrentiel, ou poursuivra-t-il une posture protectionniste sous une nouvelle forme ? Ces interrogations seront scrutées de près, tant par les investisseurs que par les consommateurs, lassés de voir un secteur clé bridé par des stratégies d’arrière-garde.

Ce changement à la tête de Maroc Telecom symbolise bien plus qu’un simple passage de relais. Il reflète une évolution nécessaire et attendue du paysage télécom marocain, qui devra désormais se concentrer sur l’innovation, la compétitivité et la satisfaction des usagers plutôt que sur les querelles de pouvoir et les protections archaïques. Mohamed Benchaâboun n’a pas droit à l’erreur : après les turbulences de l’ère Ahizoune, il lui faudra prouver rapidement que son leadership est synonyme de renouveau et de performance.

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