Leïla Benali: le silence et la tempête
Après des mois de silence, la ministre Leïla Benali revient discrètement sur la polémique déclenchée par la publication d’une photo controversée. Entre soutien populaire et pressions politiques, elle livre une lecture subtile de l’affaire sans jamais s’y attarder directement.

📍 LeDecode.com – Après des mois de silence, Leïla Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, est enfin sortie de l’ombre. Lors d’un échange tenu à la Fondation Fqih Tetouani, elle a évoqué, avec une réserve teintée d’émotion, la période difficile qu’elle a traversée à la suite de la polémique suscitée par une photographie publiée par le journal australien “The Australian”.
Longtemps restée en retrait, refusant de céder aux vagues successives de spéculations et d’indiscrétions, la ministre a choisi d’évoquer avec pudeur son calvaire, sans jamais prononcer explicitement le mot qui a fait trembler son image publique : la fameuse "photo de la discorde", immortalisant un moment intime entre elle et un homme d’affaires australien, devenu, malgré lui, acteur involontaire d’un scandale politico-médiatique au Maroc.
Son intervention, sobre mais lourde de sens, était empreinte de retenue. “J’ai traversé une période très difficile”, a-t-elle concédé, avant de souligner qu’au plus fort de la tempête, elle avait reçu un soutien massif de la part de nombreux Marocains, notamment des travailleurs du secteur minier et de la diaspora marocaine. Un soutien qu’elle considère comme un message fort adressé à toutes les femmes occupant des responsabilités publiques : "Tant que la femme ne bénéficie pas de l’égalité réelle avec l’homme, elle doit au moins être protégée."
Mais derrière ce message de solidarité transparaît une réalité plus amère : celle d’une femme exposée à une vindicte publique exacerbée par la dimension politique et sociale de son rôle. Contrairement à d’autres figures publiques impliquées dans des controverses, Leïla Benali a dû, en tant que femme, porter un fardeau bien plus pesant. Son silence prolongé, son choix de ne jamais répondre directement aux attaques, n’étaient pas un aveu mais une stratégie de survie, une manière de ne pas donner plus de substance à un emballement médiatique qui, de toute évidence, dépassait largement le simple cadre d’une photographie volée.
"Je suis une ministre de passage, mais ne perdez pas confiance en votre pays", a-t-elle lancé à l’adresse de certains membres de la diaspora marocaine qui l’ont interpellée sur les implications de cette affaire. Un message qui en dit long sur son état d’esprit : ni victimisation, ni combat ouvert, mais une invitation à regarder au-delà des polémiques immédiates pour ne pas perdre de vue les mutations sociales profondes que traverse le Maroc.
Quant aux accusations de favoritisme dans l’attribution de marchés publics, Leïla Benali a balayé toute ambiguïté d’un revers de main, insistant sur le fait que les marchés énergétiques sont strictement encadrés par des règles de gouvernance et des processus de décision indépendants. Pourtant, le simple fait que la question ait été soulevée traduit bien la nature de l’ombre qui plane encore sur cette affaire. La ministre n’a pas cherché à convaincre, elle a simplement rappelé que le cadre institutionnel marocain repose sur des principes rigoureux. À chacun d’en tirer ses propres conclusions.
Si cette sortie publique marque un tournant dans l’affaire, elle ne clôt pas pour autant le débat. Leïla Benali a choisi de parler, mais à demi-mot, laissant derrière elle une série d’interrogations ouvertes. L’épisode de la “photo interdite” aura-t-il des répercussions sur son avenir politique ? L’opinion publique finira-t-elle par tourner la page ? Dans un Maroc en pleine mutation, où les femmes dans la sphère publique restent particulièrement scrutées, l’histoire de Leïla Benali illustre les résistances qui persistent, mais aussi la lente évolution des mentalités.
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